Jacques Émile BLANCHE • Ciel orageux sur la plage de Dieppe

Tout au long de cette longue vie de peintre toujours brillant, d’écrivain accompli, de fin collectionneur, de journaliste, de décorateur distingué, au centre d’amitiés artistiques et mondaines les plus profondes, qu’il traduisait souvent en portraits, Jacques-Émile Blanche peignait régulièrement de larges et puissantes Plage de Dieppe prises du même point de vue, qu’il abordait avec la même expressivité jubilatoire. Ce trait fondamental de la modernité y est à l’oeuvre, qui consiste à traiter à parts égales dans le volume du tableau et la hiérarchie des signes, la vitalité des éléments, surtout les nuages et le ciel et la vivacité de notation de ces foules d’estivants saisies à distance comme le faisait Boudin. Mais sans mépris, parfaitement acceptées comme s’il s’agissait d’une nouvelle forme de nature dans le paysage.

Peintre savant et sensible plus que défricheur et inventeur, Jacques-Emile Blanche ne laisse pas sa peinture pâtir de la multiplicité de ses activités. Manet et Monet collectionnés; Helleu, Whistler, Sickert assidûment fréquentés; Renoir et Degas côtoyés. Blanche a toujours su faire oublier les leçons de son premier maître, Gervex. Il s’est de même tenu à l’écart de la tentation académique, malgré les honneurs qui lui ont été faits et les portraits mondains dont il faisait son pain quotidien. Le secret de cette qualité de peinture et de sa longévité réside peut-être dans la fréquentation de la société et de la culture anglaises, au sein desquelles il sut forger ce caractère d’élégance distanciée.