Exposition en Italie - 2022

La collection Peindre en Normandie fut présentée à Trieste :

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Article de presse du 04 février 2022

IL PICCOLO Viaggio in Normandia con gli Impressionisti e le suggestioni della luce

Communiqué de presse

La collection Peindre en Normandie s'expose à Trieste en février 2022

Interview avec nos partenaires culturels Arthemisia & Ponte :

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Allocution d'Alain Tapié à l’occasion de l’Exposition Monet et les impressionnistes, Peindre en Normandie au Museo Rivoltella de Trieste du 3 février 2022 :

L’intérêt artistique et public pour un paysage toujours plus réel et naturel, toujours moins idéal comme il l’était au 17è siècle, et artificiellement composé comme il l’était au 18è siècle, est un phénomène qui prendra une importance croissante durant tout le 19è siècle dans la plupart des foyers artistiques de l’Europe. C’est ainsi, réels et naturels, que les peintres traduisent les paysages. Le monde des réalités de la peinture était, dès les années 30 de ce siècle, en concurrence avec la photographie qui s’emparait elle aussi des activités humaines, des portraits, de la vie quotidienne, des divertissements. Les sujets historiques s’étaient réfugiés dans la forteresse du salon officiel. Paris, alors capital artistique, offrait au long de ses rues, ses boulevards et ses cafés, les images de ses labeurs quotidiens et de ses plaisirs qui se poursuivaient dans les banlieues environnantes – de préférence au bord de l’eau. De tels sujets permettront à la vision réaliste du monde de se déployer avec succès.

Exposition Peindre en Normandie à Trieste 2022

A distance de la ville et de ses ramifications champêtres, la pleine campagne apparaît comme un besoin vital qui calme les tensions produites par l‘agitation du monde des activités industrielles et commerciales. Elle répond au désir de s’affronter par tous les sens mais surtout par la vue, aux éléments naturels, de la terre, de l’eau, et de l’air dans ce qui conserve encore de sauvage malgré la domestication galopante. La quête du naturel va aux lieux les plus forts – la mer, les vagues, les plages, les rochers et les falaises, tandis qu’apparaissent dans ces tableaux les prés, les arbres, les bosquets, et les sentiers qui y conduisent. Ce naturel saisit assez souvent aux frontières du sublime et la matière privilégiée du peintre à la recherche de sensations à transmettre à tous ceux qui ont le désir de contemplation comme une recherche de l’Arcadie heureuse cachée au fond des tissus organiques de la nature.

Exposition Peindre en Normandie à Trieste 2022

 Il révèle pour le peintre une part essentielle faite de lumières et de reflets. La vision et la pratique que les peintres en auront s’appelle le naturalisme qui viendra profondément contaminer le réalisme parisien puisque ce sont les mêmes qui oeuvrent ici et là. De ce naturalisme, près de Paris, la Normandie en est le lieu privilégié. Les peintres sont Monet, Renoir, Jongking, Boudin, Lépine. Attachés à la réalité, les travaux et les plaisirs, leurs apprentissages se sont faits au sein des conditions physiques que produit la nature, tout particulièrement normande, où dominent les effets des mondes humides et des changements de lumière.

Exposition Peindre en Normandie à Trieste 2022

Ainsi se construit tout au long de ces décennies cette forme nouvelle d’une vision optique qui sert à porter une pensée poétique à partager avec le spectateur.

Le tableau de Claude Monet Impression soleil levant, peint en 1872, et présenté dans la première exposition impressionniste chez le photographe Nadar, bénéficie de cette longue pratique et expérience. Il y joint une nouvelle approche – celle de la complémentarité des couleurs. La Normandie, véritable berceau de ce naturalisme, restait par les conditions physiques de sa nature, le foyer privilégié d’un impressionnisme gris selon l’expression employée par le grand collectionneur qui était le Comte Doria. Physique de la nature, physique de la peinture.

Les textures picturales vont recouvrir une grande partie des lieux de bord de mer : le foyer d’apprentissage qu’était la ferme Saint-Siméon à Honfleur, les plages et les ports de Deauville, de Trouville, du Havre et de Dieppe, et tout au long de la Seine jusqu’à Rouen. Ainsi que les campagnes environnantes qui en donnaient l’accès. Nous avons donné les noms des plus puissants et estimés de leur temps – Corot, Daubigny, Courbet de ceux devenus célèbres et recherchés – Monet, Renoir, Boudin. Nous devons y associer les noms moins célèbres de Cals, Boggs, Dubourg, Angrand qui ne sont pas moins profonds et poétiques et nous n’oublierons pas qu’en Normandie Vuillard et Bonnard restent ou redeviennent impressionnistes.

Ils ont été précédés, dès 1820, par ces aquarellistes anglais qui ont donné les premières leçons d’un pur naturalisme très vite accompagné par Corot, Delacroix, Isabey, Daubigny, Courbet. La quête de la lumière imposait alors de peindre clair sur le clair; l’eau et les milieux humides omniprésents suggéraient la division des touches qui créent des vibrations. L’historien d’art Michael Florisoone ainsi résume en une parfaite synthèse le phénomène qui produira les impressions : C’est en regardant l’eau que l’on saisit la réfraction de la lumière et la division de la couleur. Cette pratique est en germe dès les années 30 de ce siècle, bien avant l’appellation impressionniste et le mot impression circule naturellement dans les lettres que s’échangent les peintres. 

L’époque voit trois formes de marché se développer – celui du salon officiel auquel certains artistes de la nouvelle peinture parviendrons à accéder; celui des galeries et des grands marchands audacieux tel Durand Ruel qui cependant à l’écoute du public n’en exige pas moins des tableaux de bon format avec, si possible, des détails évocateurs; celui enfin qu’un critique américain William Ruben qui appellera le troisième marché celui des petits formats, des esquisses, des premières idées, des pochades où domine la liberté de geste et de pensée.

L’engouement pour l’impressionnisme, ses grand noms et ses tableaux célèbres avait tendance à négliger ce beau et profond tissu artistique. Pour répondre à l’exigence d’une mise en valeur de cet autre patrimoine a été créer en 1992 à la suite d’une exposition des Beaux Arts de Caen que je dirigeais à l’époque, une association appelée Peindre en Normandie, sous l’égide du Conseil régional de Normandie, d’un grand entrepreneur normand, du Conservateur du Musée de Caen que j’étais à l’époque. Aujourd’hui présidée par Jacques Belin, la collection forte de 180 tableaux a pour but de constituer un ensemble qui restitue la création picturale notamment impressionniste comme un tissu ou apparaissent des noms célèbres et d’autres plus modestes sur une période qui tient entre 1820 et 1920. Cette collection, aujourd’hui accueillie par les Franciscaines de Deauville, voyage principalement dans toute l’Europe et l’Asie. Elle est à la fois une ambassadrice de la Normandie et une approche différente et légèrement anti-conformiste de l’histoire entre une manière de peindre et une région.

Alain Tapié, Conservateur & Directeur de la Collection

02/2022 – Interview d’Alain Tapié en direct du Musée Revoltella

Interview d'Alain Tapié à Trieste
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