Maurice LOUVRIER La Pile blanche, effet de brume

(Rouen, 1878 – 1954)

Tableau de Maurice Louvrier

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
vers 1940
Huile sur carton, 34 x 50,5 cm
Dimensions avec cadre : 50,5 x 67,3 cm
S.b.g.

Numéro d’inventaire : PN 993.2.1

Le maniérisme propre à l’art de Louvrier est ici servi par un sujet presque hors du temps, à la fois lyrique dans les tons pastel, romantique par l’effet de brume et symbolique par cette pile de pont isolée, plus icône de la solitude que ruine. L’atmosphère d’étrangeté évoque surtout l’art de Turner. Les éléments du sujet, là encore juxtaposés, se voient séparés dans leur lumière respective par l’intensité et la valeur chromatique. Ils sont les seuls soutiens à la composition. Le plan du tableau ne souligne que l’évanescence de l’ensemble. Grâce à sa formidable pratique et sa volubilité plastique, Maurice Louvrier s’approche de cette quête de la présentation plastique chère aux modernes qui voulaient s’affranchir de l’illusionnisme renaissant. Le tableau n’est plus un sujet particulier dans le monde mais il est un monde qui cache un sujet.

Si Louvrier peint la France des impressions fugaces, immédiatement saisies par la lumière de la nostalgie, ce n’est pas pour faire écran à la grisaille des journées. Sa peinture se révolte contre le morne paysage, les lointains incolores, «la Seine comme un miroir usé, les passants renfrognés et blafards». Il écoute avec avidité le tumulte de son sang et, sans vergogne, comme l’aurait fait Courbet, se prend à maçonner l’inquiétude du réveil sur la ville de Rouen et son pont de pierre.