Eugène BOUDIN • Vue du bassin de Trouville
(Honfleur, 1824 - Deauville, 1898)
© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard
Description :
vers 1865
Huile sur toile, 30 x 47 cm
Dimensions avec cadre : 40,1 x 57,2 cm
S.b.g.
Numéro d’inventaire : PN 999.2.1
Le bassin de Trouville inspira Eugène Boudin à plusieurs reprises au cours de l’année 1865. Cette version en est une des plus belles, sans cadrage apparent, comme si le motif émergeait naturellement, ni souligné, ni apprêté, ni affecté. Sans être romantique, le regard du peintre est méditatif. L’infinie déclinaison des valeurs et la manière très concentrée en font un des chefs-d’oeuvre de cet impressionnisme gris, dans le mouvement poétique d’un Jongkind qui disait lui-même à propos de la peinture du large : «La courbe sensible d’un horizon n’est pas toujours horizontale.» Boudin dépasse ici les beautés météorologiques dont il était pour Baudelaire le chantre. L’intense humilité du regard, l’attention descriptive ne servent pas le sujet mais bien une pure écriture.
En cette année 1865, Boudin vit un peu mieux sa condition d’artiste. Trouville lui procure un sentiment de liberté, l’année précédente lui a valu une commande au Salon, l’engouement touristique pour les bains de mer lui donne l’occasion d’inventer ces petites scènes de plage qui lui apportent enfin la reconnaissance du public et de la critique – celles qu’il nomme lui-même dans ses lettres, par une affectueuse dérision, ses « petites poupées».
La Vue du bassin de Trouville est un peu à la croisée des chemins, le format est moyen mais la vue est large et profonde. Corot est encore présent, que Boudin aimait et dont il avait acquis un petit paysage. Dans cette marine, véritable palette de valeurs, l’artiste fait preuve d’une connaissance intuitive des microstructures du paysage hollandais. Sous des dehors de simplicité, l’ambition est de rejoindre les Daubigny et Jongkind, et de conférer à la peinture un « cachet de perfection ».