Adolphe-Félix CALS • La Lettre
(Paris, 1810 – Honfleur, 1880)

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard
Description :
1877
Huile sur toile, 33,5 x 27 cm
Dimensions avec cadre : 53 x 45,5 cm
S.b.g.
Numéro d’inventaire : PN 2009.1.1
Filles et femmes au travail, buveurs autour d’une table, contrairement à celle de Courbet, l’humanité de Cals ni primitive, ni sensuelle, et sa manière est dépourvue réalisme. Elle est emplie de ce naturalisme de l’impression qui voit le sujet, Georges Rivière le disait à 1877 à propos de Corot, «traité pour les tons et non pour le sujet lui-même ». Portraits et paysages se prêtent à l’extrême à ces petits formats dont Cals fait l’expérience savante, explorant le champ de profondeurs microscopiques où la fragmentation de la touche et de la couleur ne doit pas sauter aux yeux, de façon à protéger l’intériorité du sujet jusqu’à son effacement.
De la tradition classique, Cals a gardé le sens du dessin, ce qui lui permet de se situer dans la permanence et non dans la rupture. Il va du portrait d’intérieur posé où, comme chez Rembrandt, la lumière vient du fond, vers le portrait de plein air, dans ses années honfleuraises entre 1870 et 1880, tel ce vieil homme inattendu, absorbé par la lecture. Cals est l’homme d’une peinture populaire qui émerge progressivement d’un sage contour au volume posé, vers cet art, comme il le dit lui-même, prêt à «fouiller sous les haillons, sous la crasse, sous la sueur» jusqu’à trouver, en artiste moderne, «la charpente, la chair, le sang humain » et se sentir enfin «pénétré de vénération par ces rudes natures». Ce sont là d’étranges beautés, à la saveur forte, à la noblesse tout inattendue. Le comte Doria, son collectionneur et soutien indéfectible, nous dit : « Chez Cals […] la lumière venant très souvent du fond du tableau, ce sont les ombres qui font vis-à-vis au spectateur », lequel se trouve alors dérangé dans ses habitudes, malgré la transparence exquise qui s’en dégage.