Jean-Baptiste Camille COROT Rue de village en Normandie

(Paris, 1796 - 1875)

Tableau Rue de village en Normandie

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
vers 1865
Huile sur toile, 20 x 29,2 cm
Dimensions avec cadre : 34 x 42,8 cm

S.b.d.
Numéro d’inventaire : PN 993.6.1

Issu d’une famille aisée parisienne qui le destinait au commerce, Corot obtint l’agrément de ses parents pour se destiner à la carrière de peintre. Il reçut les premiers conseils de l’artiste Michallon, puis de Jean-Victor Bertin qui l’orienta vers le paysage. Dès son premier retour d’Italie où il séjourna trois ans, Corot parcourut la France, puis les Pays-Bas et Londres.

La manière de Corot ne se laisse déborder ni par les influences ni par les conventions, même lorsqu’elles sont de sa propre invention.

Dans les années 1865, au sommet d’un art empreint de nombreux artifices où se disputent le charme, la tendresse et le raffinement, Corot continue d’éluder la question des styles malgré sa solide position dans le monde officiel des jurys et des salons. Etienne Moreau-Nélaton disait de lui : « Monsieur Corot n’appartient ni à l’école classique du paysage, ni à l’école anglo-française, encore moins à celle qui s’inspire des maîtres flamands; il paraît avoir sur le paysage des convictions à lui»; c’est donc avec des qualités de modestie, de candeur, de familier, que Corot s’en va traquer la rudesse paysanne.

En 1865, Corot se rend dans l’Orne près de Vimoutiers, chez M. Briand, où il peint probablement ce village. Il a déjà une longue expérience du paysage normand (et surtout des environs de Rouen, enfoncé dans les fourrés odorants de Bois-Guillaume à ramasser des morilles) : Épernon, SaintLô, Domfront, Mortain, un peu la côte de Grâce. Rien ici de cette lumière argentée qui lui réussit si bien même sur commande, alors qu’au contraire, dans son âpreté et sa lumière crue, le motif naturel porte en lui les moyens de sa propre production plastique. Le paysage se saisit de la peinture et lui imprime sa matière propre, sa texture, et tandis que les accents de l’anecdote s’effacent, il rayonne bien au-delà du nom du lieu qu’il évoque.

Comme saisie dans le froid et la bourrasque, la rue du village semble peinte de l’intérieur. Sont essentiellement captées des sensations physiques qui confèrent à cette étude une force presque expressionniste portée par le dessin et la puissance de la touche tandis que la gamme chromatique reste en harmonie.