Albert LEBOURG La Seine à Rouen

(Montfort-sur-Risle, 1849 – Rouen, 1928)

Tableau La Seine à Rouen

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
vers 1886
Huile sur toile, 50,5 x 73,3 cm
Dimensions avec cadre : 68 x 91,1 cm

S.b.g.
Numéro d’inventaire : PN 994.5.1

Entre Évreux et Rouen se trouvent pour Albert Lebourg tous les lieux de sa jeunesse et de son adolescence. Les villes alors gardaient encore un physique naturel, les bords de la Seine, les bouquets d’arbres et les coteaux vivaient au rythme tranquille des passeurs et des chalands. L’apprentissage se fait suivant les principes convenus de la peinture hollandaise, le détail prime sur l’ensemble et les sujets sont ceux du quotidien. En 1872, Lebourg trouve une place de professeur à Alger où il reste jusqu’en 1877 et, dès son retour à Rouen, prend la modernité en route. Les bords de Seine avec Paris et Rouen deviennent ses sujets. Il y explore la lumière tout en promenant sa mélancolie, c’est pourquoi il aime les couchers de soleil et les petits matins brumeux. Il sait résister malgré une certaine facilité à la tentation du détail. Deux ans de fréquentation de l’atelier de Jean-Paul Laurens ne le détachent pas de son goût inné pour le travail en plein air. Bientôt Honfleur et Dieppe rejoignent les sites favoris. Lebourg peint aussi en Auvergne, il dira plus tard : «Retrouvons l’harmonie pleine de la Normandie […] le temps perdu devant des choses et des pays qui ne sont pas faits pour être peints.»

La Seine devient très vite son motif unique, à Rouen, vue de son balcon et des collines environnantes, à Paris, sur les quais en face de Notre-Dame. Cette continuité des motifs dont la répétition ressemble parfois à la propagande touristique d’une nature heureuse et tranquille lui permet néanmoins de décliner avec une très grande sensibilité les saisons, les heures, les jours, sous la neige, le soleil et dans la brume. Même s’il ne la trouve pas toujours, Lebourg cherche la fraîcheur et la vivacité de la sensation. Sa quête est précise : vapeurs, brumes, gelées, lumières d’orages. Il adapte sa facture indécise et changeante comme le temps, mettant en oeuvre, avec de grandes qualités d’harmoniste, des accords de gris, de roses, de violets, tantôt pris dans un joyeux maçonnage expressionniste, tantôt dilués dans un éther aux nuances incertaines.