Raoul DUFY Le Bassin du Roy au Havre

(Le Havre, 1877 - Foucalquier, 1953)

Tableau Le Bassin du Roy au Havre

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
1907
Huile sur panneau, 33 x 23,7 cm
Dimensions avec cadre : 53,5 x 45 cm

S.b.d.
Numéro d’inventaire : PN 993.3.1

Les peintres normands Braque, Dufy et Friesz, que l’on qualifie de « fauves » selon une dénomination une fois encore inventée par la critique, résistent à cette distinction lorsqu’ils sont en Normandie, par l’intensité de la couleur concurrencée dans cette notion de style par la force de la nature normande, sa lumière, ses textures. Tous trois sont originaires du Havre et se retrouvent à Paris, mais ils reviennent souvent dans leur ville natale et dans les autres ports environnants.

Au tournant du siècle, Le Havre est florissant tant par son commerce outre-mer que par ses lieux de villégiature; Sainte-Adresse attire les Anglais depuis longtemps. Le Havre est de plus à l’embouchure de la Seine et de son trafic de marchandises et de passagers, à la fois fleuve et axe entre Paris et l’Angleterre, les autres Européens, le Nouveau Monde. Dans l’univers des peintres naturalistes, après Paris, Le Havre représente la ville, ses cafés et restaurants, ses quais, grues et docks, au milieu de l’enchevêtrement organique des maisons. On dit des tableaux de Raoul

Dufy datant de cette époque qu’ils restent marqués par la technique impressionniste. Il serait plus juste de dire que le peintre poursuit, comme Friesz et Marquet, un dialogue physique avec la nature normande, désormais instauré depuis plus de soixante ans. La rupture viendra avec les suggestions naturalistes, remplacées par les principes stylistiques du fauvisme, mais le peintre aura auparavant réalisé plus de six cents tableaux, le meilleur de son ouvre.

Le Bassin du Roy au Havre est l’un des plus exemplaires, dans ce petit format tout en puissance et en densité, de l’impressionnisme. On y retrouve la mobilité chromatique solidement ancrée dans un expressionnisme serein qui reconstruit avec jubilation les instants de vérité qu’offre la lumière normande incrustée dans la matière des visions quotidiennes. Pourtant Dufy sut deviner avant bien d’autres, avec ses vieilles maisons peintes sur le port du Havre en 1907, la richesse plastique d’une peinture frontale faite de surfaces multicolores apposées les unes aux autres, mêlant à loisir les moments abstraits et figuratifs.