Albert LEBOURG Le Port de Dieppe

(Montfort-sur-Risle, 1849 – Rouen, 1928)

Tableau Le Port de Dieppe

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
1882
Huile sur toile, 38,6 x 60,2 cm
Dimensions avec cadre : 67 x 89 cm

S.b.d.
Numéro d’inventaire : PN 2001.2.1

Entré dans la carrière par les petites portes, l’école et les expositions municipales de Rouen de 1872 à 1878, Lebourg rencontre le groupe des impressionnistes qu’il admire à travers Alphonse Portier, son marchand de couleurs de la rue Lepic. Malgré sa présence bien acceptée à la IVe et à la Ve exposition impressionniste, en 1874 et en 1880, Lebourg ne parvient pas à franchir le pas vers l’indépendance à l’égard de la peinture officielle, et décide de s’inscrire à l’atelier de Jean-Paul Laurens en 1880, vraisemblablement pour favoriser sa préparation à l’examen de professorat de dessin de la ville de Paris.

Pourtant sa manière ne se ressent pas trop de cette attitude frileuse, elle répond pleinement aux critères de la nouvelle peinture d’atmosphère, lumières cotonneuses ou nacrées qu’accompagnent les variations chromatiques dans le violet, le bleu, l’orangé ou le beige. Pour autant, les agencements paysagers ne se départent pas de cette ordonnance classique, parfois trop sage, qui met en valeur les détails pittoresques. L’audace et l’invention sont chez lui du côté de la couleur qui fond ou noie le motif dans un halo qui parfois touche à la fluorescence. Lebourg, dans ce romantisme tranquille, est un grand passionné des conditions atmosphériques, quelle que soit la dominante grise ou beige. Rien de limpide dans cette version prise entre la tourmente et le voile de lumière, qui lui fournit l’occasion d’éprouver sur une même toile une grande diversité de touches. Pour cela Dieppe sera un lieu privilégié de 1880 à 1882.

Ici Lebourg saisit la lumière glacée d’un départ matinal pour la pêche. L’atmosphère rendue sans concessions, presque violente, illustre formidablement la volonté expressionniste dont faisaient preuve ceux qui conjuguaient véritablement les forces physiques de la nature avec les forces plastiques de la peinture.