Jean-Baptiste Antoine GUILLEMET L'Église de Barfleur

(Chantilly, 1843 – Mareuil-sur-Belle, 1918)

Tableau L'Eglise de Barfleur

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
vers 1882
Huile sur toile, 35,3 x 27 cm
Dimensions avec cadre : 50 x 42 cm

S.b.d.
Numéro d’inventaire : PN 2006.4.2

Antoine Guillemet n’a jamais vraiment partagé les options de ses amis impressionnistes mais il a toujours accompagnés ces derniers à distance, non pas dans les combats mais dans les débats d’idées, les plaisirs et les mondanités. Esprit curieux et indépendant, il reconnaît très tôt le travail de Cézanne, qu’il présente à Manet, et introduit Zola au café Guerbois qu’il fréquente assidûment en dilettante brillant et fortuné. Guillemet dispose d’un métier solide acquis auprès de Corot et surtout de Daubigny.

En 1866 et 1867, il essuie deux échecs au Salon, rejoint la ferme Saint-Siméon et fait la connaissance de Monet. Si l’on ajoute qu’il avait rencontré Pissarro à l’académie Suisse, qu’on le voit poser dans Le Balcon de Manet derrière Berthe Morisot, on comprendra que Guillemet est de toutes les situations et son refus, comme celui de Manet, de participer à la première exposition impressionniste n’est pas sans conséquence sur la cohésion du groupe. Comme bon nombre de ces indépendants très au fait des situations de pouvoir et d’influence, il finit par se faire accepter par le jury du Salon jusqu’à en devenir membre. On le trouve partout, en Provence près de Cézanne, avec Monet à Villerville, avec Sisley à Fontainebleau. Le personnage est ouvert, sage mais prudent, ce que lui reproche Pissarro qui rapporte de lui « qu’après Corot, Daubigny, Jongkind, il n’y a plus rien à faire…c’est absurde ».

Dans le Cotentin, à partir de 1880, il regarde toujours du côté de Corot et de Daubigny avec ses petits paysages pris dans la baie de Morsalines du côté de Saint-Vaast-la-Hougue et de Barfleur. L’homme des discussions passionnées avec les maîtres à penser de la capitale se retrouve en accord profond avec l’humble gravité paysanne, reconstituée à rudes coups de brosse, qui magnifie l’attitude un peu hostile de ces grèves tapissées de pierres, de varechs et d’herbes folles.

«Il excelle à rendre les terrains humides, les rochers noirs de varechs qui forment la dentelle des côtes. Il donne à la mer un caractère exact par la justesse des taches et la largeur de son exécution. Il y a cette année dans l’un de ses tableaux, le Coup de vent, un premier plan ou les indications d’une mare verte de mousse et des terrains crayeux sont rendus avec autant d’habileté que d’esprit. M. Guillemet n’est pas un “détailliste”; ses paysages de mer toujours bien établis, bien dessinés, valent pour l’impression d’ensemble, l’intelligence de l’harmonie.»