Eugène ISABEY Navires dans la tempête

(Paris, 1803 – Montévrain, 1886)

Tableau Navires dans la tempête

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
vers 1850
Huile sur toile, 40,2 x 71,3 cm
Dimensions avec cadre : 57 x 88 cm

S.b.d.
Numéro d’inventaire : PN 2009.6.1

Traducteur de scènes pittoresques, peintre de la marine, lithographe, aguerri à toutes les conventions picturales, Eugène Isabey entretient avec la mer une vocation rentrée de navigateur. Cette expérience physique des éléments surgira de façon explosive dans ses fulgurantes scènes de tempête. Ce type de sujet requiert des moyens d’expressions formelles acquis aux meilleures sources : Delacroix pour le modelage des éléments, Turner pour l’ampleur héroïque qui accompagne la fusion du ciel et de la terre, Bonington pour le tissage naturaliste de la matière. Il possede dès 1824 une maison à Honfleur ou, plus tard, il fera la rencontre de Boudin auprès de qui il exercera ses qualités d’entremetteur mondain, à Trouville en particulier.

Jongkind en profitera aussi, après qu’il l’eut fait venir en France. Isabey est, par cette double personnalité de peintre officiel de sujets de convention et d’adepte des microcosmes de l’innovation, à la clef de nombreuses transformations du paysage pictural. Familier de la ferme SaintSiméon dans les années 1860, il cautionne par ses succès personnels des idées plastiques qu’il partage avec les novateurs plus silencieux, précisément Jongkind, Boudin, Dubourg et le jeune Monet. La liberté d’interprétation que lui procure la pratique assidue de l’aquarelle le conduit dans ses sujets de prédilection, les tempêtes, à dégager l’essence des mouvements sans rien perdre du caractère prolifique du chaos, provoqué par le bris des mâts et des coques et la déchirure des voiles. Ce matériel disloqué, presque déconstruit, entre en osmose avec l’écume des vagues grâce à un implacable camaïeu brun-vert. Bientôt les peintres n’auront plus besoin du pittoresque des tempêtes pour explorer, dans l’absorption du sujet par la peinture, la physique des éléments.