Maurice LOUVRIER Rouen dans la brume

(Rouen, 1878 – 1954)

Tableau Rouen dans la brume

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
vers 1940
Huile sur toile, 50,5 x 65 cm
Dimensions avec cadre : 70,5 x 85,5 cm

S.b.g.
Numéro d’inventaire : PN 2001.4.1

Singulière par la diversité de ses manières, la peinture de Maurice Louvrier pourrait presque résumer à elle seule le paysage pictural de la Normandie, à la fois héritier de l’impressionnisme et dégagé de ses effets propres tant la touche expressive tient une place primordiale. Maurice Louvrier, en professionnel consommé, n’ignore rien des courants picturaux qui se suivent et se recouvrent entre 1850 et 1920, sauf le cubisme. Les élans fauvistes chers à la vision de Joseph Delattre, maître d’un petit groupe rouennais où l’on retrouve Pierre Dumont, Jacques Villon, Suzanne Duchamp mais aussi Marcel Couchaux, préservent le frémissement de la touche impressionniste. Fort de cette expérience qui dominera son oeuvre, et du mélange des manières qu’il est le seul à proposer avec autant de virtuosité, Louvrier semble après 1920 évoluer vers une démarche presque abstraite, précise, sensible, spirituelle, qui parachève et dépasse l’esthétique impressionniste.

Avec Rouen dans la brume, la vibration des lumières et des couleurs procède bien sûr à la dissolution du motif, mais, posés dans des valeurs proches, les éléments du sujet s’éloignent de l’effet perspectif pour ne garder de l’impressionnisme que l’oscillation des formes.

Par pure intuition et exigence, Maurice Louvrier semble atteindre cette pure réception physique du champ pictural réalisée en grand format par les maîtres de l’expressionnisme abstrait américain. Seul le format dans sa contrainte vient freiner l’impression de monumentalité. Louvrier retrouve la technique du Quattrocento qui capte la lumière dans le sujet, l’icône en présentation. Cette technique transposée dans le champ impressionniste compense les effets décoratifs de l’enchantement optique par une approche du sujet par plans encore assez rare pour l’époque.