Henri LE SIDANER Voiliers sur la mer dans le lointain

(Port-Louis, L’île Maurice - Versailles, 1939)

Tableau Voiliers sur la mer dans le lointain

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
1896
Huile sur toile, 55 x 58 cm
Dimensions avec cadre : 46,5 x 63,8 cm

S.b.d.
Numéro d’inventaire : PN 2004.11.1

Peintre des rues aux passants lointains, des places vides, des tables que l’on vient de quitter, des jardins secrètement bien tenus, Le Sidaner est le peintre d’un silence retrouvé qui traduit la vie par le souffle, qu’elle soit présente ou absente. Fils d’un courtier maritime, il a passé son enfance à Dunkerque puis étudié à l’École nationale des beaux-arts de Paris. Il fréquente, dès 1883, les côtes de la Manche, Étaples, les plages normandes, avec un regard bien peu naturaliste. Il choisit de maîtriser la lumière et de s’appuyer sur une matière construite. Dans ce domaine, on le considérait dans les Salons parisiens comme aussi savant que Monet. La fluidité de son métier lui permet, en effet, de laisser planer un voile d’esprit symboliste sur une texture fondamentalement impressionniste faite de petites touches ordonnées qui se concentrent dans la vibration sans provoquer de contrats. Il y a là une véritable transposition des harmoniques musicales comme le pense son biographe Camille Mauclair 32. Rarement le motif est, chez lui, pris sur le vif; il est à peine croqué puis recomposé mentalement. Détachée des suggestions naturalistes tourmentées d’un bord de mer ou d’un jardin, c’est la même mélancolie nourrie de mémoire plus que d’observation qui se déplace de Honfleur à Berck. La technique de Le Sidaner concourt à des effets de synthèse qui servent non pas la vue dans la diversité mais la vision dans sa virtualité. Les impressionnistes précurseurs cherchent à capter la matière, les impressionnistes tardifs s’attachent plus volontiers à tirer les conséquences du travail naturaliste et à s’en tenir aux effets de lumière.

Cette marine, probablement peinte en 1896 dans le cadre d’une série réalisée à Honfleur, illustre une quête de l’abstraction déjà soulignée par Camille Mauclair en son temps. Elle préside à une vision constructiviste qui supprime dans ce type de sujet, si ample soit-il, la profondeur d’un théâtre de la nature pour y substituer l’effet d’une implacable proximité déjà voulue par Monet dans une semblable marine (Ordrupgaard Samlingen, Copenhague, Danemark). Le regard est absorbé dans un échange physique qui passe les frontières du corps et des éléments sans que rien ne soit perdu de cette puissance expressive qui caractérise la Normandie.