Charles PÉCRUS Laveuses au bord de la Touques

(Limoges, 1826 – Paris, 1907 )

Tableau Laveuses au bord de la Touques

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
vers 1895
Huile sur toile, 27,5 x 41,1 cm
Dimensions avec cadre : 53 x 67 cm

S.b.d.
Numéro d’inventaire : PN 992.4.2

La destinée de Charles Pécrus donne, si besoin était, la preuve du rôle déterminant joué par les paysages de la Normandie dans une vocation artistique. Contraint, comme son grand ami Boudin, de gagner sa vie très jeune, il fréquente les cours de l’École des beaux-arts et s’adonne aux petites scènes de genre très finies qui le conduisent en 1857 à exposer au Salon, ce qu’il fit ensuite régulièrement. La rencontre de Boudin en 1860, puis de Jongkind, le conduit vers la mer et les ports de la côte normande, Trouville, Honfleur où il retrouve Cals. Comme eux, Pécrus adopte la touche vive, rapide, et fait de l’esquisse un petit espace de vérité pour la peinture. Par là, il rejoint ses amis dont on dit qu’ils étaient en avance sur leur temps : palette claire, lumière changeante faite de gris, de bleu et de blanc. Pécrus s’installe au milieu de son sujet et profite ainsi de la double stimulation de ses compagnons de travail et de la nature, grave, brutale dans la conjonction de ses motifs et souvent d’une tranquille violence.

C’est précisément ce type de situation à la fois plastique et sociale que l’on retrouve dans ce tableau. Il aime à plusieurs reprises, comme Boudin, surprendre les laveuses de la Touques dans l’ingratitude de leur environnement et de leur pose. À ce jeu, Pécrus est aussi puissant que ses amis, mais il n’existe qu’à travers eux. Ensemble, ils participent à la sourde émergence de cette vérité physique, dure, et parfois laide, à l’expression du déchaînement tranquille des activités humaines vues à distance pour ne pas être dérangées mais pourtant pénétrées dans leur chair, comme l’est au même instant l’amoncellement caillouteux et sordide d’une banale marée basse, ou encore la lourde suite des piles du pont qui barre l’horizon.

Les amateurs ont parfois justement confondu des tableaux de Pécrus avec ceux de Boudin car, dans les esquisses du «petit maître », les effets de l’ébauche concourent à formuler une vision globalement expressionniste qui confère une force à chaque détail et en fait un véritable moment plastique où rien ne manque.