Albert MARQUET Le Port de Fécamp

(Bordeaux, 1875 – Paris, 1947 )

Tableau Le port de Fécamp

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
vers 1903
Huile sur toile, 38,2 x 46 cm
Dimensions avec cadre : 63,4 x 71,4 cm

S.b.g.
Numéro d’inventaire : PN 995.6.1

Albert Marquet aime les fleuves et les ports parce qu’ils lui offrent un cadre, une ordonnance naturelle et parfaitement saisissable de la composition. On retrouve dans ses thèmes favoris son attachement pour Bordeaux qui le vit naître et les bords de Seine qu’il a toujours fréquentés depuis sa formation à l’École des beaux-arts de Paris, sous la direction de Gustave Moreau. Grand voyageur, toujours fasciné par les ports, Marquet réserve une place spéciale dans sa vie à la Normandie depuis son premier voyage, en 1905, avec Manguin à Falaise et surtout grâce à sa rencontre avec Dufy qui lui fait connaître Le Havre, Dieppe et Fécamp en 1906. Trait de cette passion pour la Normandie et ses ports qui l’animera presque toute sa vie, Marquet prend pension l’été 1911 à la ferme Saint-Siméon.

Son jeu célèbre de traits et d’aplats vient en partie de la manière de Manet, mais sa pâte légère, à peine filée, n’est jamais opaque et la densité de la couleur ne monte pas jusqu’à l’éclat. Marquet réalise en 1906 une suite magistrale de tableaux inspirés du port de Fécamp. Son art est déjà en place : couleur dans le dessin, synthèse de la forme, instantanéité du geste, unité de la lumière, transparence et lisibilité.

Dans la lumière humide de la Normandie, entre le lait et la nacre, Marquet déploie le classicisme des aplats, de la couleur dominée, du dessin conducteur qui sera à l’ouvre dans les tableaux parisiens, ouvrant l’espace non pas à l’expressionnisme mais à la tranquille méditation comme déjà la comprenait Lépine du temps des impressionnistes. L’égale intensité des valeurs unifie les plans en recul. La lumière transparente, comme dans certains tableaux très lavés de Monet, se donne dans la fluidité et souligne, malgré la modestie du motif, une inspiration lyrique bien dans l’esprit du naturalisme impressionniste en Normandie.