Auguste RENOIR Coucher de soleil

(Limoges, 1841 – Cagnes-sur-Mer, 1919)

Tableau Coucher de soleil

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
vers 1893
Huile sur toile, 18,5 x 32 cm

S.b.d.
Numéro d’inventaire : PN 2009.11.3

Avec ces couchers de soleil, l’un de Boudin, l’autre de Renoir, il semble que rien ne puisse dorénavant, à ce stade de la peinture, se donner à voir séparément. L’esprit de synthèse plastique, venu de Corot, apparaît spontanément sans volonté conceptuelle. Il est à l’origine, non pas de l’abstraction, mais de l’absence inévitable de figure ou d’objet.

En ces années 1890, Boudin, à la fin de sa vie, regarde plus que jamais la mer de sa villa de Deauville. Il oublie finalement ces tonalités rompues par le gris, au profit d’une palette de couleurs éclatantes qui manifeste ce qu’il appelle «une soif de lumière ». En quête d’excès d’intensité, il préfère dorénavant les aurores, les midis implacables et les couchants. À l’automne d’une vie et d’un art devenu enfin flamboyant, lorsque la maladie affrontée impose la concentration, Boudin se voit rejoint dans ses audaces consommées et chèrement gagnées par l’insolent Renoir qui profite de la belle saison en Normandie, chez le docteur Bérard à Vargemont dès 1879, puis dans sa maison de Berneval-surMer pour lancer quelques esquisses de soleil couchant sur la mer. Tandis que Boudin parvenait à la synthèse plastique en restreignant la touche, afin de ménager le modelé du paysage, Renoir, au contraire, l’agrandit. L’un raisonne encore, construit l’espace par la couleur, l’autre laisse se propager les vagues de couleur; tous deux font preuve de cette approche instinctive où l’imagination rudimentaire qui caractérise le naturalisme des impressions est compensée par l’innovation dans la touche et dans la couleur. Jacques-Emile Blanche nous rappelle que, dans le temps de ses séjours normands, Renoir faisait des paysages pour se délasser : «Les lacs envahissaient les bleus et les verts, le violet rougeâtre dominait, de la confiture de groseille disaiton, mais le temps allait fondre en une seule surface ces indiscrètes couleurs.»

Une bonne partie de ces esquisses peintes en Normandie, réalisées en quelques rapides coups de brosse, n’était pas destinée à la vente. Renoir chasse, lui aussi, les couchers de soleil et les ciels tourmentés. En 1883, il fit une excursion à Jersey et Guernesey; notre petit tableau paraît être, au vu de la configuration estompée de la côte, une des gerbes de cette petite moisson flamboyante.