Édouard VUILLARD • Le Jardin à Amfreville
(Cuiseaux, 1868 – La Baule, 1940)
© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard
Description :
vers 1905-1907
Huile sur carton marouflé sur panneau, 41,5 x 37 cm
Dimensions avec cadre : 58 x 53,7 cm
S.b.d.
Numéro d’inventaire : PN 996.6.2
Édouard Vuillard est lui aussi élève de Gérôme avec Maurice Denis. Dans sa jeunesse, il regarde l’impressionnisme à travers l’ouvre de Manet et participe en 1892 à la troisième exposition des peintres impressionnistes et symbolistes. C’est en compagnie de son ami marchand de tableaux, Jos Hessel, que Vuillard découvre la Normandie dans les années 1900-1901. Jusqu’en 1914, il effectuera de nombreux séjours à Honfleur, Villerville, Amfreville et Cabourg. Le peintre est déjà célèbre pour ses tableaux aux couleurs audacieuses, inspirées par ses amis nabis, et ses panneaux décoratifs réalisés pour des particuliers ou comme décors de théâtre.
A l’opposé des peintres qu’il fréquente jusqu’alors – Maurice Denis, Paul Sérusier, Paul Gauguin… -, Vuillard reste indifférent à la théorie et se dégage bientôt des préceptes nabis et symbolistes. À partir de 1900 et peutêtre sous l’influence de ses séjours en Normandie, le peintre délaisse les scènes d’intérieur intimistes pour peindre des jardins baignés de lumière et des bords de mer. C’est ainsi qu’il passe deux étés à Amfreville en 1905 et 1906 dans la propriété des Hessel. Il nous reste de ces séjours, outre ce rare tableau, deux aquarelles très proches d’esprit et de composition conservées au musée d’Orsay. La couleur y est abordée non pas avec la violence et la franchise des aplats, mais avec des nuances qui marquent le besoin d’un retour à une manière impressionniste bien faite pour saisir, comme ici, le portrait d’un paysage. La couleur, très présente sans être cloisonnée, est assez brutalement délimitée et donne ainsi une grande force à l’ordonnance d’un paysage presque banal.
Vuillard, ne l’oublions pas, est un de ces artistes que Proust connaissait. Il le rencontra à Cabourg en 1907 et s’inspira de ses conversations avec le peintre pour le personnage d’Elstir dans À la recherche du temps perdu.