Jacques VILLON Sous la tente, sur la plage, Blonville

(Damville, 1875 – Puteaux, 1963 )

Tableau Sous la tente, sur la plage, Blonville

© Crédits iconographiques Région Normandie /Inventaire général/Patrick Merret – Léonie Hamard

Description :
vers 1906
Huile sur toile, 50 x 61 cm
Dimensions avec cadre : 67,9 x 78,5 cm

S.b.d.
Numéro d’inventaire : PN 997.1.1

Il semble paradoxal d’associer, même partiellement, Jacques Villon au cubisme. Né tard dans le siècle dernier et mort il n’y a pas si longtemps, comme le dit Pierre Francastel, sa période est précisément en paradoxes. Normand d’origine, il s’adonne très tôt à la photographie et à la gravure d’illustration, mais travaille en même temps chez le très académique Cormon.

C’est avec esprit et une distance un peu moqueuse qu’il s’empare de ces figures un peu typées venues de Paris et sa banlieue jusqu’à la plage, mais, comme cela se produit pour Boudin, le résultat est tout autre. Sous la tente, sur la plage, Blonville peut être à bien des égards considéré comme une toile importante dans l’ouvre de Jacques Villon. Après les tableaux de 1903 et 1904, d’un fauvisme dense et sculptural, et non point lourd comme certains critiques l’affirment, Villon met à profit dans sa peinture son métier de dessinateur humoristique, sa fréquentation du milieu artistique montmartrois qui favorise le trait, la trouvaille, le mouvement, relayé en cela par sa pratique de l’aquarelle, joyeuse, lumineuse, très structurée. A cette époque, Villon s’est déjà engagé dans cette activité de graveur qui ne cessera de l’habiter, d’où ce sens affirmé des valeurs, des textures fines et des masses.

Toutes ces qualités se retrouvent dans cette scène de plage à Blonville où, pour l’occasion, avec beaucoup de vigueur et de volonté, Villon choisit une manière impressionniste bien adaptée au réalisme léger du sujet et à l’observation directe. Il faut enfin admirer la parfaite monumentalité des figures qui s’affirment non point dans l’anecdote mais dans cette plasticité faite de grands volumes constructeurs, chers à l’art de Villon après son adhésion aux principes du cubisme.

Dans cet équilibre entre la distance et la spontanéité, Villon montre comment les sujétions naturelles et la poétique de l’instant ne sont pas contradictoires avec le projet formel.